Centre des Congrès à Metz : une décision à combattre
Le 17/11/14, les élus de Metz-Métropole ont adopté le projet de construction du Centre de Congrès.
Cette décision prise en notre nom par des « personnes démocratiquement élues » fait émerger un véritable « Parti des affaires » transcendant tous les courants politiques.
Ainsi, l’adoption de ce projet faite au mépris des réels besoins de la population qui ne sont pas satisfait en matière de logement, d’école, de transport ou de santé va coûter la bagatelle de 57,2 millions. Gageons que ce montant connaîtra, à l’avenir, des dérives inflationnistes comme l’expérience du Mettis l’a montré. La seule ville de Metz déboursera près de 40 millions après le retrait du Conseil général en tant que financeur sollicité à hauteur de 10 millions.
Ce projet coûteux, construit pour le prestige et la gloire, est surtout inutile. D’autres espaces comme l’Arsenal ou la FIM sous-utilisés largement auraient fait l’affaire.
Du point de vue des affaires, cette décision est une bonne nouvelle pour les marchands choisis, sans concurrence et à discrétion, par la SAREMM, société publique locale présidée par le premier adjoint de la ville de Metz, Monsieur Lioger.
Cet investissement massif de Metz-Métropole se cumule ou cumulera avec d’autres gros engagements. Citons pour illustration : la reprise de la BA 138 (20 millions), la rénovation de l’opéra-théâtre (30 millions), Waves, ou encore le FC Metz qui fait actuellement aussi pression sur les collectivités territoriales pour rénover le stade St-Symphorien à hauteur de 35 millions. De plus, le déficit des TAMM - 6 millions- alourdit la charge.
Au total, le cumul de ces dépenses déséquilibre le budget de l’agglomération messine. Le coût du prestigieux palais des congrès cher à notre maire constitue un coup de massue supplémentaire. Tout cela au moment où l’Etat réduit drastiquement les dotations aux collectivités locales : « Il nous faut partager la misère de l’Etat » déclarait le social-libéral vallsien D. Gros en décembre 2013. Donc, dépenses hors du temps ?
Tailler dans les dépenses publiques est l’objectif prioritaire. L’exemple emblématique est, entre autres, le budget des transports : 4 millions soit 7% du coût centre des congrès sont à économiser, non sans conséquences pour l’entreprise TAMM et pour les usagers.
Ce qui se profile : pour les travailleurs, conducteurs de bus en particulier, l’équivalent de 40 ( !) emplois sont sur la sellette ; les usagers goûteront, eux, à la réduction de l’offre de transport traduite par la concentration du trafic sur l’essentiel des lignes, la suppression et/ou la réduction des lignes périphériques sans parler d’un réaménagement dans un sens défavorable des fréquences de desserte. En fin, une nouvelle augmentation (+3%) des tarifs est aussi dans les tuyaux .
Par ailleurs, pour financer ce coûteux projet inutile, la municipalité envisage d’inscrire au programme de son budget 2015, des mesures d'économies parmi lesquelles une diminution des emplois publics. En effet, il est prévu de supprimer une centaine de postes de fonctionnaires sur les trois prochaines années pour réduire les dépenses.
Enfin, pour dégager des marges, on s’attaque aux subventions aux associations/clubs mais également aux tarifs des services publics gérés par la Ville : globalement, les tarifs grimperont entre 2 et 3%. Il est frappant de constater que les hausses sont très hétérogènes : piscine +3,5% ; gymnase +30% ; COSEC +46%, leçons de natation +70% etc… alors que les tarifs sur le périscolaire, la cantine et les médiathèques ne bougent pas.
On voit bien que les grands projets impactent sévèrement les services publiques dans le sens d’une austérité aggravée.
Doper les recettes.
Les responsables politiques affirment, la main sur le cœur, ne pas vouloir augmenter les impôts. C’est dans l’air du temps de hurler avec les loups exaspérés par le « ras-le-bol fiscal », tout en déclarant, dans un même mouvement, que les rentrées fiscales (TH + TF) compenseront la chute des dotations de l’Etat !
Augmenter la dette publique.
Si les élus sont gênés aux entournures et hésitent à utiliser encore plus massivement les seuls leviers des recettes et des dépenses, il reste le traditionnel recours à l’emprunt. La dette passerait de 15 à 32 millions soit + 17 millions ou + 113%, croissance considérable dont les banquiers sauront se réjouir…
Certes, la majorité municipale dispose d’un héritage appréciable car le niveau de la dette était très faible à la fin de l’ère Rausch (2008) ; en 2013, il n’était encore que de 147 euros/habitant très loin de la moyenne des villes de taille comparable : 734 euros /hab. Les édiles locales s’en vantaient bruyamment. En passant à 262 euros/hab., on change d’échelle dans un contexte d’austérité accrue car il faudra payer un jour…Pour l’instant, devant les murailles des dépenses d’équipement, ce sera un ballon d’oxygène permettant de mieux faire passer la pilule de l’endettement de la ville qui sera multiplié par 8 d’ici 2019.
En guise de conclusion
L’adoption du projet coûteux et inutile d’un centre des Congrès ne serait une bonne affaire que pour les promoteurs immobiliers, les patrons du BTP et les banquiers.
L’importance de la masse des sommes engagées agit comme un tremblement de terre budgétaire municipal et métropolitain en faisant reculer gravement les services publics dont les transports urbains par ex.
Il faut avoir la myopie de D. Bori (PCF) pour qualifier le projet budgétaire de « …budget réaliste de lutte contre les inégalités » en se focalisant seulement sur la politique scolaire où il y a beaucoup à redire.
La seule opposition de gauche est venue de M. Casin ((EELV) qui a déposé un amendement demandant, en ces temps de chômage massif, de maintenir les emplois publics de la Ville ; 5 voix pour sur 55 dont 4 FN qui demande plus de flics municipaux...
La fuite en avant d’une majorité d’élus plus enclins à être les serviteurs du capitalisme n’est pas dans l’intérêt bien compris de la population. La moindre des choses est d’exiger l’organisation d’un vrai débat public et de trancher par un référendum local sur un tel sujet. Voilà encore une belle illustration du déficit démocratique qui est de plus en plus insupportable pour les citoyens.